René Worms (1890-1962)
Un grand nom du théâtre français trop souvent oublié…


Fils du comédien Paul Worms, héritier d’une longue lignée de gens de théâtre, dont Jean Worms, Sociétaire de la comédie française (5), René Worms monte sur scène dès l’âge de 17 ans et apparaît à 21 ans sur les écrans de cinéma où il restera présent pendant plus d’un demi-siècle dans de nombreux seconds rôles, voire de simples apparitions.
« Il fait partie de ces comédiens reconnus mais oubliés. Tête d’affiche au théâtre notamment dans la saison d’été des casinos, salué par la critique et présent au cinéma pour donner vie à des personnages qu’il campait d’un simple regard ou d’une mimique face aux plus grands, il reste le symbole de toute une époque, mais aussi d’un répertoire aujourd’hui quasiment disparu, qu’il incarnait avec élégance et drôlerie » rappelait pour sa part la revue Trompe l’Oeil dans sa rubrique les inconnus célèbres.
Au cinéma, il a notamment travaillé sous la direction de Gilles Grangier, Sacha Guitry (qu’il connaissait bien et qui a même repris en clin d’oeil amical, son nom, « Worms » pour toute la famille de la pièce « le Nouveau Testament ») Jacques Feyder, Max Ophuls, Jean Delannoy, Robert Dhéry, Jean Boyer, Henri Diamant-Berger, Denys de la Patellière ou Henri Verneuil pour n’en citer que quelques uns.
Au théâtre, il joue de très nombreuses pièces dans les plus grandes salles de la Capitale, fait de multiples tournées en province, mais incarne également des maniaques, des savants fous ou des médecins assassins au Grand Guignol, ce qui l’amusait beaucoup.
Pour le romancier et critique Jean Irasque, lors d’une reprise de « la Cruche » de Courteline, c’est tout simplement : Bravo ! Il nous a, cet artiste parfait, démontré hier encore qu’avec son talent (…) nous ne pouvons mieux faire que répéter : Bravo !
Pierre Manaut, lui-même auteur dramatique, dans une longue lettre qu’il lui adresse le 1er janvier 1926 en complément d’un papier qu’il avait rédigé dans l’Echo du Nord pour la reprise de « Monsieur de Saint Obin », précise :
Je vous avoue que je vous préfère à Berry, dans cette interprétation et que je n’avais que la crainte que vous ne l’eussiez pas fait oublier. Or, je suis heureux de vous dire que j’ai été rassuré dès votre entrée en scène, et que je vous ai applaudi plus que je n’ai applaudi le créateur »
Quant à Paul Rebout, écrivain et critique de la revue Les Lettres, il conclut pour « un ange passe » de Jacques Bousquet : M. Worms, toujours remuant, vibrant, vivant, tint les planches qui menacèrent plusieurs fois de bruler. Nous devrons à cet artiste quelques uns de nos meilleurs souvenirs de la saison vaudevillesque du Nouveau Casino.
Revenu malade de déportation, il continue pourtant à jouer. On le retrouve, notamment, en tête d’affiche avec Danièle Delorme et Yves Robert dans la Bagatelle de Marcel Achard. Il meurt à l’hôpital Saint-Antoine à l’âge de 72 ans, quelques mois après avoir interprété un dernier rôle dans le film Un cheval pour deux de Jean-Marc Thibault (1962).
Il a épousé la jeune comédienne Suzanne Duez à la fin des années 20. « Il était capable d’apprendre un texte le matin, de tourner une scène l’après-midi et de jouer au théâtre le soir » aimait à dire celle-ci, qui mit sa carrière très vite entre parenthèses pour le seconder. Il eut deux enfants, dont l’un disparut en bas âge. Sa fille, elle même comédienne sous le pseudonyme de Colette Bruno devint artiste peintre.
Il est titulaire de la Médaille interalliée et de la Médaille d’honneur du Comité de France.

