Culture-Papier au Théâtre Michel

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(À gauche) Nelson Montfort, (à droite) Alain Kouck, Président de Culture Papier et la Déléguée Générale, Virginie Fillion-Delette.

Pour son 5ème colloque, Culture Papier délaissant les salons de l’Assemblée Nationale a pris possession, pour la première fois des planches du célèbre Théâtre Michel, « la scène de la pensée et des émotions », comme l’a souligné l’ancien Président de Culture Papier, Laurent de Gaulle. Une scène, mettant sous les feux des projecteurs un certain nombre de personnalités venues défendre les valeurs du papier, autour du thème : de la transmission orale à la numérisation du savoir ; quel(s) rôle(s) pour le papier ?

Animé avec brio par Nelson Monfort, le colloque a accueilli cette année encore,  de nombreux acteurs de la politique, de l’économie et de médias. Citons, notamment, le député-maire de Château-Thierry, président du groupe d’études papier et imprimés à l’Assemblée Nationale, Jacques Krabal ; le député du Maine-et-Loire, Serge Bardy ; l’éditorialiste Laurent Joffrin ; les journalistes Allain Bougrain-Dubourg et Patrick de Saint-Exupéry ; la présidente de l’Agence Nationale de Lutte contre l’Illettrisme, Marie-Thérèse Geoffroy; la directrice générale de Biblionef, Dominique Pace ; mais aussi Pascal Fulacher, docteur en arts et sciences de l’art, ancien conservateur des Musées des Lettres et Manuscrits de Paris et Bruxelles ; Vincent Monadé, Président du Centre National du Livre (CNL) ; Christine de Mazières, Déléguée générale du Syndicat national de l’édition (SNE) ; Laurence Billot-David du Département des Études de Mediaprism pour l’Observatoire Culture Papier, Raymond Redding, chargé de mission national de la filière papier et cellulose auprès du Ministère de l’Économie, de l’Industrie et du Numérique ou encore le neuroscientifique Jean-Luc Velay.

C’est donc autour de trois tables rondes que chacun a pu apporter son regard sur les grands enjeux liés à une filière conjuguant action et réflexion. « Papier, mémoire, histoire », a permis d’embrasser 5000 ans d’Histoire du livre et de pointer les défis lancés par le numérique au monde de l’édition. « Transmission et éducation » a dressé en particulier un état des lieux de l’illettrisme  et mis en lumière le panorama des solutions possibles. « Transmission, lien social, responsabilité », enfin, a été l’occasion de mettre en perspective le rôle des entreprises qui vivent autour du papier. Trois thèmes qui, pour Laurent de Gaulle incitent à réfléchir sur la place du papier, par-delà les outils de communication numériques, en tant que « vaste entreprise de fraternité humaine, fondée sur des racines vivantes, porteuses d’espérance ».

Pour Jacques Krabal, préserver cet aspect humain, c’est éviter la dématérialisation à tout và. « Quand on dématérialise, on s’éloigne de l’humain », dit-il « Quand on parle de dématérialisation du Journal Officiel, je reste très inquiet quant aux conséquences intrinsèques qui y sont liées  ». Cependant,  chacun s’accordait à dire qu’il n’y a aucune opposition entre papier et numérique. Le numérique est un formidable outil, tandis que le papier, lui, est une finalité…  Et Laurent Joffrin d’ajouter : « Les usagers ne cherchent pas la même chose sur le Web et sur le papier… Il ne faut pas pour autant croire qu’on lit forcément des choses courtes sur la toile ; la situation est beaucoup plus complexe qu’on ne pense. On dit souvent que le Web c’est l’immédiat et que la presse (de surcroît papier) est dans la profondeur. Je n’en suis pas convaincu ! ». Pour lui, le problème n’est donc pas la technologie, mais dans sa traduction économique. « Notre ennemi », dit-il, « n’est pas du tout le numérique, c’est la gratuité. C’est un ennemi qui est difficile à combattre ».

Raymond Redding de son côté, reprenant les propos de Serge Bardy, réaffirme que le papier est un combat  et ne manque pas de citer Jean XXIII : « La tradition n’est jamais l’ennemie de l’innovation, elle en est même parfois le ferment ».

Au final, Laurent de Gaulle a souhaité reprendre cette phrase de Louis Jouvet : « On est bien dans un théâtre »  ; « Et nous, nous sommes là pour témoigner que les théâtres nous font du bien », dit-il, avant de poursuivre : « nous sommes là pour témoigner qu’à travers l’outil papier, la pensée humaine n’est pas morte, l’imagination est là (…) ainsi que l’intelligence de la coopération, prise dans sa diversité », avant de conclure : « nous le faisons sur la base du réalisme, parce que sans réalisme il n’y a pas de rêve. Le réalisme, c’est l’assurance de bâtir un avenir viable, vivable et porteur d’espérance »…

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